Philippe Bilger, bibliographie

17 Juin 2020

Ce fut ce qu’on a appelé le « mur de la honte ». On dénonce, on ricane, on bafoue les droits de de ceux dont on ne partage pas les idées réelles ou supposées. Et ces juges se « vengent ». Le temps est venu de révéler les rapports malsains qui règnent aujourd’hui au sein de la magistrature, dans les arrière-cours des palais, mais aussi dans les relations entre juges, politiques, médias, opinion publique. J’ai connu à titre personnel les premières marques de cette volonté politique de « caporaliser » la justice. Le pouvoir et les juges portent une part de responsabilité de cette dérive. Cette politisation de certains magistrats a ouvert une faille, un espace dans lequel le monde politique s’est engouffré pour délégitimer l’oeuvre de la justice. Le préjudice est irréparable. Il est urgent de nommer les dérives pour y mettre fin. Il y va de notre avenir et de la démocratie.

Sous la forme d’un abécédaire intime et original, cette éminente personnalité du monde judiciaire et de la société civile sort des sentiers battus de l’autobiographie et se raconte sans faux-semblants. Il revient sur sa jeunesse, ses convictions et ses engagements, ses failles et ses combats. D’Abandon à Twitter, de Charlie Hebdo à Michel Houellebecq, de Connard à Vanité, de Divorce à Religion, d’Hugo Lloris à Sarkozy, de Meryl Streep à Sexe, il aborde les 105 entrées sans langue de bois, ose les sujets qui fâchent et prend position sur les grands débats de notre temps. Sa plume incisive n’épargne personne, à commencer par lui-même, et révèle un homme sensible, complexe et passionné…

Trois jours, c’est le temps que Frédéric Loriot va passer dans le box des accusés au cours de son procès. Trois jours pendant lesquels la cour d’assises va tenter de déterminer si, oui ou non, il a poussé sa maîtresse dans le vide du haut d’un immeuble. Les témoins se succèdent, les experts tergiversent, les avocats plaident… l’accusé observe, écoute, analyse… et raconte ce procès par le menu : il s’étonne de la désinvolture des jurés, dit sa défiance initiale vis-à-vis de son avocat, raille l’outrecuidance des experts, dénonce la froideur des magistrats… Rien ne lui échappe. Ces 72 heures de débat le mèneront-elles pour trente ans derrière les barreaux ? C’est tout le talent et l’art de Philippe Bilger que d’entretenir le suspense jusqu’à la dernière ligne de ce passionnant roman judiciaire…

Durant sa vie professionnelle, notamment à la cour d’assises de Paris, Philippe Bilger a affronté et aussi tenté de comprendre les criminels. Face à la montée d’une délinquance de plus en plus juvénile, il ne supporte plus la mansuétude perverse de la gauche, les explications sociologiques hypocrites, la culpabilisation des élites. Non, estime-t-il, ce n’est pas la prison qui crée le crime, c’est le criminel ! La justice selon Mme Taubira, obsédée par la surpopulation carcérale et qui ne pense qu’à vider les prisons, oublie juste un détail : les victimes ! …

Depuis plus d’une décennie, notre pays semble s’écrouler en morceaux, brisé par les revendications particularistes et rongé par les progrès de l’égoïsme. Conscient des dégâts communautaristes, Nicolas Sarkozy n’a pas su enrayer l’effritement et l’a même accéléré en provoquant de nouvelles divisions entre les Français. François Hollande découvre les méfaits de ce processus alors que la crise économique progresse. Saura-t-il y faire face ?